Tract d'action poétique Numéro 10 Juin 2001 (extraits) les travailleurs de la mer " Vieil océan, aux vagues de cristal (…) tu rappelles au souvenir de tes amants, sans qu'on s'en rende toujours compte, les rudes commencements de l'homme, où il fait connaissance avec la douleur, qui ne le quitte plus. " Lautréamont , les Chants de Maldoror Le capitaine mit, ce jour, sur son rapport : "-Gros temps. Laissé porter. Rien de neuf à bord.-" Tristan Corbière , Gens de Mer (Les Amours Jaunes) LES TRAVAILLEURS DE LA MER Le 29 mars 1995, je me souvenais et je donnais sur les ondes de Radio Kreizh Breizh ma 9ème Libre Chronique ( je devais en donner près de 140 ). Le 26 juillet j'en lisais avec véhémence, une autre écrite le matin même.Je ne peux mieux faire pour rendre hommage aux travailleurs de la mer et en particulier aux pêcheurs que de vous en citer ici quelques extraits. Le vendredi 4 février 1994 à Rennes pas très loin des marches de l'Hôtel de ville où se trouvait le cortège ministériel : …… " Les marins pêcheurs et leurs familles, désespérés, déchaînés, Comités de Survie en tête, venaient vague après vague violemment s'affronter et briser les barrages noirs des prétoriens du régime, de l'Etat, des pouvoirs, les C.R.S.Ils étaient à bout d'angoisses et de misères, au bout du bout du désespoir, traqués par les banques et les percepteurs, menacés par les huissiers, traînés devant les tribunaux, leur maison vendue, leurs meubles saisis pour les petits patrons-pêcheurs. Les équipages, eux, avec des salaires de misère de 1200 Francs pour une marée de quinze jours, quand ce n'étaient pas des salaires négatifs, étaient déjà depuis bien longtemps dans le rouge à la banque.Tous se battaient pour la vie, ou plutôt pour la survie, car qu'est-ce que la vie dans ces conditions ?…Au soir de ce fameux vendredi 4 février 1994, ce vendredi plus rouge que noir, je vis moi aussi flamber le Parlement de Bretagne ! C'était un double symbole qui brûlait là : bien sûr, le superbe et fier symbole de la Bretagne historique, autrefois indépendante et libre, mais aussi, symboliquement, c'était le combat des marins-pêcheurs que je voyais brûler, qui brûlait.Ce soir-là, des semaines de luttes acharnées des marins-pêcheurs étaient brûlées, grillées, et de fait elles s'arrêtèrent dès le lendemain.C'était tellement énorme, évident, aveuglant, qu'immédiatement je projetai d'écrire un article que j'aurais titré, si j'avais trouvé un journal pour m'offrir ses colonnes : " L'Incendie du Renneschtag ".Comment ne pas penser en effet à une énorme, à une criminelle provocation pour déconsidérer complètement, aux yeux et à l'esprit du public et des populations de Bretagne et de la France entière, la juste et courageuse lutte des marins-pêcheurs bretons. "A l'époque je notais les naufrages : le Loo Mazé, La Toison d'or, le Petit Pain, le Juan Manuel Santo, le Julien Quéré, le Dishual. Qu'en est-il aujourd'hui ?Depuis 12 à 18 mois ce sont plus d'une dizaine de bateaux qui ont coulé ou fait naufrage, plus de 20 marins-pêcheurs bretons qui ont péri en mer, dont 8 sur l'An Oriant et 2 sur le Beau Rivage le 25 février dernier. Feraient-ils par tradition des sacrifices comme des tribus primitives ? Non bien sûr, ils pratiquent un beau et surtout dur métier parce que les Bretons sont naturellement tournés vers la mer, parce qu'il faut bien vivre. La crise mondiale, la mondialisation des échanges et des flux financiers, l'affaissement généralisé de la pensée, la loi du marché, la dictature des bourses et des banques, des agioteurs, une Europe de technocrates, la recherche par les mêmes du profit maximum est ( de façon lapidaire ), la cause de tout cela. Il reste encore beaucoup de ronds-points à l'anglaise où poser des bateaux à garnir de géraniums. Un jour peut-être il n'y aura plus que là où les touristes et les enfants des écoles pourront voir ce qu'était un bateau de pêche. Marin-pêcheur…ces hommes qui risquent tous les jours leur vie ne demandent pourtant qu'à vivre. Je voudrais pour finir laisser la parole à une femme de pêcheur : " C'est le métier qui veut ça. " Foutu métier. Et surtout méchante crise. Elle pousse hommes et bateaux à sortir " de plus en plus souvent, de plus en plus par n'importe quel temps ", soupire cette femme de pêcheur. " Elle fait rogner sur les frais d'entretien, parce que les caisses sont vides. Elle fait perdre des vies à essayer de la gagner ". Voilà, naufragés et naufrageurs…chacun y reconnaîtra les siens. Yann ORVEILLON autres textes: Grain de sel, la mort sur la grève (Emilienne Kerhoas) , On les appelait les penn sardin (extrait de" Les ouvrières de la mer "de Anne-Denes Martin, La chouette à Morel ou les ruses de la mytiliculture( Gérard Prémel), le peintre le poète et la bell boulangère (Yann Orveillon), poèmes sur la falaise ,extraits (Jean-Paul Kermarrec) et aussi Alain Jégou Pierre Gouletquer, françois Hameury, RV mesdon, Henri Le Guen, Daniel Malbranque, Et les infos Abonnez-vous-->
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