TRACT 18
Tract d'action poétique numéro 18 juillet 2004 (extraits) "…Et toutes les îles s'enfuirent, et les montagnes ne furent pas retrouvées…" Apocalypse de Jean, 16, v.21 TOUT HOMME EST UNE ÎLE... T out homme est une île... cette proposition peut s'entendre de différents façons et ici plusieurs auteurs et amis en font la démonstration. On pourrait considérer que déjà la Pangée cet immense continent seul émergent et représentant la matière solide d'une terre en formation, - avant d'être GAÏA - entouré d'eau de toute part était déjà une île avant sa dislocation. sa fragmentation en immenses territoires fit admettre six continents en proie aux lentes et inexorables dérives des plaques tectoniques. Des gaz et poussières stellaires à la soupe moléculaire, des molécules aux briques d'A.D.N., à la matière, c'est pendant des millions d'années une fantastique cuisine qui mijote sur le flot magmatique et l'activité du noyau. Pour continuer à filer la métaphore culinaire, dans ce chaudron cosmique qu'est la terre, comme sur un fabuleux cassoulet, une croûte se forme, se fragmente, s'épaissit, surnage ou s'immerge, apparaît ou disparaît, laissant des îles-continents, des milliers d'îles, des archipels, des presqu'îles et péninsules.Et nous sommes en Bretagne particulièrement bien placés pour en juger dans notre "presque presqu'île" avec son cordon d'îles comme une ligne de bastions défensifs aux avants postes de combats titanesques. Il y a peu, retour d'Ouessant, en pleine tempête, et là, au milieu du Fromveur, je me suis à nouveau souvenu de ce qui constitue en partie "l'âme bretonne".Finis Terrae, Pen Ar Bed, le bout du monde, cela peut se décliner dans toutes les langues mais il n'y a pas trente six façons de l'éprouver. Ici depuis toujours peu de place au factice, des stratégies de survie, des réalités de combat, de celles qui induisent les fiertés primitives, de flamboyantes modesties. Ici, autant que partout ailleurs et plus que dans beaucoup de lieux, les hommes sont des Îles. Autant que dans d'autres "bouts du monde" ou cette notion farouche induit dans la poignée débordante des sentiments humains, celui de l'insulaire solitude, se maintient le discours des raisons premières. C'est alors, c'est aussi, c'est pourquoi, chaque être humain peut être perçu et se vivre comme une île. Se sentir et se voir comme une partie d'un tout, pareil à son "semblable", partie d'un tout et non réductible à ce tout parce qu'à chaque fois unique, qu'à chaque fois une île. Sa réplication infinie m'amène pas sa dissolution dans l'armée innombrable des réplicants. Seuls les actes qu'il pose sont facteurs d'entropie et peuvent créer champs d'amour ou de batailles.Il n'y a donc pas d'un côté la terre, même insulaire, facteur de solidité et de l'autre la mer même océane qui entourerait de sa fluidité la mâle matérialité.En réalité avec les ambivalences plus ou moins maintenues des origines et la dualité de genre propre à chacun, chaque être humain est unique, CHAQUE ÊTRE HUMAIN EST UNE ÎLE. Le problème est sans doute que si l'on doit établir la causalité de la dramaturgie humaine il en est qui se disent plus fondé que d'autres à se sentir une île.Il ne faut pas gratter longtemps pour s'apercevoir alors, que chez beaucoup de ces gens les îles sont : façon Baléares ou Bermudes avec coffres forts et privilèges assortis. Car dans ce monde aliénant et aliéné, consumériste et laminé, ce monde de marchands, de référents, de gourous, de banquiers non seulement il est nié que chaque être humain soit une île et précieux comme tel, mais la réalité même des îles est pervertie, dévoyée.Elle est forcément tropicale, polynésienne, caribéenne, à plage de sable fin et indigènes à peau douce, sertie d'eau bleue et coiffée de palmiers, elle est forcément paradisiaque.Il y eut aussi, heureusement, UTOPIA l'île de Thomas More, les Îles des navigations Rabelaisiennes, l'île d'Avallon ou en princière et enchantée compagnie nos Rois de Bretagne vivent leur dormitionMais, qui veut aussi se souvenir, sait que les îles pour ceux qui se conduisent comme les maîtres du monde, en dehors de celles ou ils abritent leurs privilèges, c'est surtout : l'Île du Diable et ses bagnards, les déportés des îles de Lipari ou de la mer Égée sous le fascisme italien ou les colonels grecs, Iwojima ou Guadalcanal et ses massacres au lance-flammes, Bikini et ses bombes atomiques, les six cents mille communistes ou présumés tel égorgés à Djakarta dans l'île de Java sous Soekarno, Haïti et ses dictatures, Pâques et la déportation des Pascuans etc…Oui décidément, si chaque être humain est une île, chaque île n'est pas humaine. Yann ORVEILLON autres textes: Mes amis Les Voleurs de feu sont des îles( Emilienne Kerhoas) L'Île Tristan et l'Océane (Anne-Denes Martin) L'adieu à lîle et sa critique( Yann Orveillon à partir du livre de Pierre Orsenat-édition grasset) La dormition de Norman Djilby (RV Mesdon) Ëtre (Jean-Paul Kermarrec) Il et Île (Jehan Despret) Île ou Aile (Eve Lerner) et les infos
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