Tract d'action poétique Numéro 15 février 2003 (extraits) "Un éclat de rire dans l'oeil unique de la bêtise" " La plus perdue de toutes les journéesest celle où on n'a pas rit" Chamfort Jadis Monsieur François Rabelais - alias Alcofribas Nasier - Abstracteur de Quinte Essence - dans le dizain aux lecteurs qu'il place en tête de "La vie très horrifique / du Grand Gargantua / père de Pantagruel" nous dit : "...Mieux est de ris que de larmes escripre,Pour ce que rire est le propre de l'homme." Par delà les septs mers et les cinq continents, le rire, hélas, ne paraît pas la chose la mieux partagée du monde contrairement à la bétise, l'injustice, l'horreur. Paul Lafargue a titré un petit essai "Le droit à la paresse", ce qui dans une société où l'individu est écrasé par le travail et des rapports sociaux aliénants basés sur l'exploitation de l'homme par l'homme était et demeure juste. Mais au titre des droits inaliénables de l'individu, de la dignité de l'être humain, à côté des libertés de pensée, de dire, de créer et de circuler et autant, parce qu'elle en est la résultante et, par un mouvement dialectique, la condition, il y a le droit imprescriptible du rire !Déjà Rabelais considérait aussi dangereux que la peste et le choléra réunis les Picrochole, les bigots, les "usuriers chichars", les "poiltrons à chiche face", les "rassotez mastins", les "sorbonnagres" et les "vieux tousseux" de l'enseignement, tous à ranger dans la détestable espèce des agelastes (personnages tristes, sinistres, inquiets et violents) tous censeurs et inquisiteurs en puissance.Et il en existe encore tant et tant aujourd'hui autour de chacun d'entre nous, pisse-froids, culs gelés, pères la morale étriqués, grenouilles de bénitier rancies, scolastiques aussi froids que des poissons morts, éteignoirs de toute lumière, contempteurs de toute joie.Et ceux qui enseignent le savoir scolaire, universitaire, professionnel, artistique, amoureux, dès lors que leurs pratiques ne sont pas innervées, irriguées par un minimum de plaisir, la joie de transmettre à leautre, qu'ils s'interdisent le rire et l'humour, ne proposent qu'un enseignement coupé de la vie, qu'un savoir mort.Tant de gens dans leurs relations aux autres sont de véritables gommes à effacer le sourire.En face de ceux qui ne veulent rire ni laisser rire, il y a ceux qui voudraient bien rire mais qui dans leur vie, la chienne du monde pendue à leurs basques, ne trouvent pas de raisons de le faire. En effet lorsque l'on crève de faim, de froid, de solitude, lorsque l'on ploie sous le poids des injustices, des discriminations, du mépris, on ne trouve pas vraiment l'occasion de s'exciter les zygomatiques.Alors faudrai-il en arriver à ce qu'écrit Jean de La Bruyère dans Les Caractères : "Il faut rire avant d'être heureux, de peur de mourir sans avoir ri."Faut-il en arriver à la situation de Gwynplaine, le héros de "L'homme qui rit", le roman le plus fou et le plus poétique de l'immense Victor Hugo. Ce héros qui abandonné dans sa prime enfance aux mains des comprachichos avait eu toute la face, chaque élément du visage "savamment" travaillé au couteau jusqu'à lui donner le masque perpétuel d'un homme qui rit, déclanchait irrésistiblement l'hilarité d'abord... l'horreur ensuite. Et Hugo pouvait poser la question : "seulement, le rire est-il synonyme de la joie ?"Nous pouvons appliquer ce questionnement au monde dans lequel nous vivons. Devant les pitoyables pantalonnades de prétendus comiques qui le plus souvent doivent tout à la vulgarité, au rire gras et rien à la tendresse et à l'humour.Les émissions télévisées résonnent du rire mort des boîtes à rire et de la gaieté artificielle commandée et rétribuée par la claque. Comme il s'est ouvert des cours d'informatique ou de nouvelle cuisine, il s'ouvre des "Académies du rire" aux très coûteuses et douteuses prestations. Après tout...il existe aussi des psychiatres pour chiens, tandis qu'il y a toujours trois cents mille enfants soldats sous les armes. Le serial Killer Bush fait-il rire les populations civiles et les enfants irakiens ?Même si, personnellement, je crois, plus qu'au rire et à ses manifestation, à l'humour, ce rire intérieur permanent que l'on peut passer sous le nez des policiers de la pensée, qui est un acte de résistance et un des supports de toute révolte, je vous souhaite à toutes et tous de rire de bon coeur, à gorge déployée, à plein ventre, tassez vous les biscottes, riez, riez, ne négligez aucune occasion, créez-les quand vous pouvez, cultivez la beauté du rire.Comme la poésie, l'humour et le rire détestés des dictateurs, craints de tous les puissants, suspects au pouvoir, bannis des églises sont plus qu'une résistance, un acte dévastateur contre toutes les coercitions, un éclat de rire dans l'oeil unique de la bêtise .Autant qu'il vous sera possible, ayez en vous, pour vous et autour de vous l'élégance du rire, de l'humour, de la poésie. Salut et Fraternité Yann Orveillon autres textes: Antiseptie du rire(Y-M Bouillon Le rire, mais quel rire? ( Anne-Denes Martins) Fourrerai-je mon doigt dans l'oeil unique de la bêtiseou ailleurs. (RV Mesdon) Contre la guère qui vient NON à la guerre en Irak(tract collectif) Les jarretières et Deux années plus tard (Naïg Rozmor) Luois et ses rivages (Dominique Noël) Voleur de feu et éleveur de songes (Yann Orveillon) UR ou la fin del 'amour (Gilbert Joncour) Extraits de "menos 273 poemas" éditions fenda de Marc-Ange graff et les infos Abonnez-vous-->
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