TRACT 12
Tract d'action poétique Numéro 12 Mars 2002 (extraits) "Des barreaux dans la vie...Des doigts dans la tête" "Messieurs d'Hermine RougeUne seule chose à déclarerJ'avais la vocation de l'innocent" André Laude (Le bleu de la nuit crie au secours) “On sait qu’on a derrière soi la cohorte des visages de la cour et que n’importe où dans la ville, la nuit, près de la gare ou rue piétonne ou dans le quartier, une histoire nous a précédés et que parmi les visages on en reconnaîtra, ça ne fait pas une communauté, ça fait une assurance et des repères.On a passé de l’autre côté du monde et la frontière on sait maintenant l’utiliser et la passer.” François Bon (Prison) Ecrire en prison écrire pour résister un entretien avec Pierre Abgrall Accusé levez-vous ! Nom, Prénom date de naissance, profession ? Pierre Abgrall, écrivain à mi-temps, a publié “Faux accord” aux éditions Gallimard en 1989 a animé des ateliers d’écriture à la prison de Brest. Pierre assieds-toi. Merci pour pour le café, et maintenant peux-tu rappeler les circonstances de ton intervention à la prison de Brest ?Je suis intervenu 20 séances de janvier à juin 98 à la demande des instits de la prison en partenariat avec la municipalité de Brest. On m’avait laissé libre de choisir le thème. J’avais choisi le voyage en pensant que les personnes qui étaient détenues avaient voyagé ou pouvaient avoir une idée particulière du voyage, y compris sous le mode imaginaire... Ils ont bien accepté le thème. Comment ont démarré ces ateliers d’écriture ?J’avais choisi une musique qui durait à peine une minute, une musique simplement évocatrice, qui ne prenait pas la tête ... des musiques style rap ou bande musicale de films. Ensuite j’ai proposé des photos de personnages découpées dans la presse, uniquement des portraits en leur demandant de choisir LEUR héros. Certains ont préféré de parler d’eux, le principal étant de leur proposer un pré-texte, un stimulus en quelque sorte, quelque chose qui ne leur était pas imposé, mais sur laquelle les personnes peuvent s’accrocher en acceptant une contrainte minimale. Voilà ce que j'ai apporté les deux premières séances. Les séances suivantes j’avais introduit des paysages (prospectus d’agences de tourisme, catalogues divers ) dans le but de faire évoluer un personnage dans un environnement donné. Chaque détenu pouvait choisir un paysage à sa convenace, ou pouvait parler de lieux qu’il connaissait. Je gardais de cette façon l’idée essentielle de mettre les détenus en confiance, d’éviter les blocages dus aux conditions de détention. Concrètement, lors des séances d’atelier, comment cela s’est-il déroulé ? Quel était l’état d’esprit des gars incarcérés ?Ce sont les instits qui informent par le biais de l’école de la prison et celui de la bibliothèque. Il y a également un système d’affichage à l’étage. A mon avis il n’y a pas plus de dix pour cent de la population incarcérée qui va à l’école ou à la bibliothèque. Ce sont donc des gens qui savent ce qu’est la prison, à savoir que si tu ne choisis pas une activité, tu vas rester entre quatre murs d’une cellule. Il y en a d’autres qui viennent dans le but de prolonger des activités personnelles, dont quelques uns qui se sont mis à écrire en prison : lettres personnelles, participation au journal de la prison (en écrivant des articles, des poèmes très courts...). D’autres encore viennent sous les conseils d’un acteur qui est important dans la prison, l’aumônier, qui va proposer l’atelier pour leur faire quitter leur prison mentale, de canaliser certaines choses, comme les difficultés dues aux affaires pour lesquelles ils étaient accusés entre autre.Je précise qu’à la maison d’arrêt de Brest, les détenus sont incarcérés pour une peine très courte (une semaine, quinze jours), ou sont là en attente de jugement, ce qui peut durer deux ans, l’instruction de l’affaire étant quelquefois très longue. C’est pour cela que l’atelier d’écriture était un peu bizarre, car quelquefois je ne revoyais pas les mêmes personnes d’une séance à l’autre. Certains participaient à deux, trois séances et ne revenaient pas. Sur la vingtaine de prisonniers il y en a trois ou quatre qui ont suivi le cycle entier, avec des séances quelquefois interrompues par le parloir ou l’entretien avec l’avocat ou le juge d’instruction. On sentait quand même chez eux la volonté de sortir du cadre de la cellule. Il y en a même un qui était tellement emballé par l’atelier, qui a fait croire aux co-détenus qu’il avait un jour de remise de peine pour chaque séance d’atelier. Silences... Reprises...de nouveaux silences... Pierre sera souvent confronté au travail de la mémoire...me racontant dans le désordre quelques singulières histoires de détenus, insistant sur leurs conditions de détention, essayant de faire un lien entre ce qu’ils pouvaient vivre à l’atelier et l’image qu’ils avaient d’eux-mêmes ... autres textes: Pontaniou les barreaux, Graffitis du monde carcéral ( J.A.Guénégan) et les infos Abonnez-vous-->
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