Texte programme et puis encoreNous remercions ici Annie Lebrun et lui rendons hommage pour avoir écrit son essai "Appel d'air" comme une charge contre les "Haineux" de la poésie. Nous affirmons néanmoins qu'elle se trompe, quand, s'appuyant sur les travaux d'Adorno sur l'holocauste et ses répercussions sur l'état actuel de la pensée humaine et de ses productions, elle conclut:"... avec l'apparition des camps, la possibilité du sens a justement commencé à sombrer." ce faisant elle se laisse aller à un pessimisme qui, s'il n'était pas sublimé par la volonté de combattre malgré tout pour la dignité humain, la rapprocherait de ceux-là même qu'elle entend combattre. C'était se faire beaucoup de dangeureuses illusions et situer hors de l'espace et du temps social et historiques l'art et ses productions (donc en faire une catégorie supra-humaine, c'est à dire d'essence divine) que de croire la patrie de Goethe, de Beethoven, d'Holderlin ou de Heinrich Von Kleist incapable d'engendrer des Hitler et des Heichman. Le Don Quichotte de Cervantes guerroyait dans l'espagne de l'horrible inquisition et il me plaît de penser qu'à travers son héros le vieux poète ne chargeait pas seulement des moulins et des monstres imaginaires. Non seulement l'horreur absolue des camps nazis n'a pas historiquement et à jamais, rendu la poésie sans "objet" et dénuée de sens, mais il suffit de lire l'importante étude d'henri Pouzol sur la "Poésie concentrationnaire" pour constater- sans discussions possible- que dans l'horreur, les souffrances et l'épouvante sans nom, des hommes réduits dans leur corps à l'état de bêtes pitoyables pataugeant dans l'immonde ont sauvé jusqu'au bout leur dignité d'homme en s'accrochant à la poésie. Par là même ils furent indestructibles et dominèrent leurs bourreaux, et leurs textes souvent superbes en témoignent aujourd'hui; De même Victor Serge dans les isolateurs staliniens. De même les superbes poètes anonymes du romancero de la Révolution Espagnole, dans les prisons fascistes de Franco et avant le peloton d'exécution. N'oublions pas que " le ventre est encore fécond d'où est sortie la bête immonde" La folie des puissants a doté chaque habitant de cette planète d'une tonne de T.N.T., nous avons assisté au génocide biafrais, khmer et voyons tous les jours en direct celui des éthiopiens et des soudanais. Le savoir est irréversible! Il génère la nécessité du cri. La poésie est ce cri pour dire l'amour et la souffrance, l'espérance encore. La poésie est vecteur pour la révolte, le chant profond pour les combats nécessaires. la poésie procède de l'honneur, de la dignité, de la grandeur de l'homme contre tout ce qui induit son déshonneur, son indignité, ses adhérances larvaires et ce n'est pas les surréalistes dont était A. Lebrun qui me contrediront. De la naissance à la mort, de l'épouvante native aux angoisses existentielles les plus abouties, l'homme fait un dur parcours le plus souvent balisé par la peur et l'incompréhension. Beaucoup ont les besoins, sans les moyens, de la fraternité universelle, les poètes ont eux la terrible chance d'avoir les deux et le devoir de dire. "Je porte au compte de l'accident la disgrâce d'être née. Quant à mettre un terme à cette vie, c'est trop souvent lui ajouter un sens qu'elle n'aura même pas eu." A. Lebrun confond (ou veut confondre) le merveilleux absolu de la naissance et de la chimie du vivant avec la trop souvent triste et insupportable réalité sociale et historique de la condition humaine. Il n'y a pas de fatalité à ce qu'il en soit ainsi. A.Lebrun témoigne de la condition humaine avec parfois les accents et la violence de la passion mais sa peur de l'engagement militant est telle qu'elle l'empêche de donner toute sa mesure pour son amélioration, qu'elle soit néanmoins remerciée pour son livre. Quant à nous, considérant que tout homme digne de ce nom doit se battre pour un monde où "l'homme n'aura pas seulement droit au pain mais aussi à la poésie" nous créons cette revue que nous baptisons fièrement " Les Voleurs de Feu" et nous vous appelons à entretenir cette flamme avec nous . Yann Orveillon
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Les Voleurs de Feu / Al Laerien Tan Association Loi 1901 déclarée à la Sous-Préfecture de Morlaix (29) sous le numéro 4863
En réalité pour ces thuriféraires du texte vide, chantres de l'absence, exégètes du non-dit, démissionnaires professionnels de quoi s'agit-il? De nier que le poète doit toujours avoir une démarche prométhéenne et que partant de l'homme pour aller à l'homme, il ramène du bout de sa nuit, parfois au péril de sa vie et de sa raison des galaxies d'étincelles et des lueurs de forge pour aider ses frères humains à s'affranchir de leurs chaînes, à forger leur destin, pour mieux le maîtriser en dégageant les matériaux dont ils feront leur vérité et leur chant de combat. Pour ces chantres de la double impuissance à vivre et laisser vivre, pour ces professeurs en défaillance il convient que l'arme de la relation dialectique qui permet à partir du particulier d'élever la conscience humaine à la compréhension du général et à la domination de sa condition n'ait pas le droit de cité! Alors on vomit les poètes "engagés", les militants du parti de la poésie, les images poétiques, tout et n'importe quoi dès lors que cela pose et aborde les vrais problèmes auxquels est confronté ce monde en voie de déshumanisation accélérée et on loue tout ce qui permet au plus petit nombre de maintenir le plus grand nombre dans la sujétion et l'abrutissement consécutif. Sous prétexte de devoir n'exprimer que le "réel" les haineux refusent à la poésie de donner du sens, de montrer du sens, et, le forme faisant sens, la forme emportant le fond, travaillent à dénoncer "l'inutile" beauté fondamentale. Prétendant faire oeuvre utile en favorisant les entreprsies de démétaphorisation de la poésie, tous ceux-là, détricoteurs de mots, suceurs de vie refusent le langage et l'image poétiques comme chargés de sens et permettant l'appréhension, la prégnance. La logorrhée terminologique qui accompagne ses basses manoeuvres a pour but unique de déposséder le plus grand nombre du langage. Le langage devenu affaire de "spécialistes" fait barrage au langage poétique comme vocabulaire de l'"âme", comme véhicule du sentiment, de l'émotion et donc comme moyen de la révolte. Ce refus de l'image poétique et de l'imaginaire qui la sous-tend s'appuie de façon retorse sur une prétendue prise en charge du réel pour privilégier l'image visuelle et son essence le signe, tendu comme le doigt de dieu et refusant la différenciation interprétative, gelant le matériaux du fond pour imposer le pudding de la forme. Et Blanchot au plus fort de sa morbidité débouche inmanquablement sur la mystique et écrit: "c'est que dans la difficulté de notre approche, il y a ce pressentiment que, nous retournant par un impossible mouvement pour voir face à face ce que nous ne sommes autorisés à regarder qu'en nous en détournant, ce que nous verrons, ce qu'en vérité toujours déjà nous avons vu, c'est l'appellerions-nous, le sensible ou le corps terrestre - c'est le divin même, ce que toujours les hommes ont visé indistinctement par ce nom. Voilà donc tout le secret;" Interdiction donc de se retourner sur sa condition, sur la poésie, etc., sous peine d'être, comme lesfilles de Loth, changé en statue de sel. C'est pourquoi les clercs de toutes les chapelles qui condamnent l'image poétique et son sens, dans un bel élan consensuel nous enfouissant sous un déluge d'images médiatiques, publicitaires et politiques dans le but de faire barrage à l'imaginaire - projesteur d'images sauvages- pour un monde meilleur. C'est pourquoi également en défense de la poésie et comme ceux qui, assassinant la poésie aujourd'hui, assassineront les poètes demain, nous sommes: - avec Rimbaud contre Monsieur Prudhomme - avec Arthaud contre messieurs Les Littérateurs - avec Mandelstam contre monsieur Staline - avec Benjamin peret contre Monsieur Aragon - avec Steve Biko contre Monsieur Botha - avec Vladimir Vissostski contre Messieurs les bureaucrates - avec Annie Lebrun contre Messieurs les avaleurs de couleuvre et les cracheurs de venin.