Tract d'action poétique Numéro 28 (janvier 2010) (extraits) Ce texte est dédié à nos amis André Laude et Gilbert Joncour qui étaient des poètes de la résistance. La poésie véritable est incluse dans tout ce qui n’est pas conforme à cette morale, qui, pour maintenir son ordre, son prestige, ne sait construire que des banques, des casernes, des prisons, des églises, des bordels. La poésie véritable est incluse dans tout ce qui affranchit l’homme de ce bien épouvantable qui a le visage de la mort… Éluard, La poésie inséparable de la révolution ; 1936 Poésie : la résistance, l’amour, la vie… Eric Raoult, député maire de Raincy n’a jamais fait dans la dentelle. Il s’est toujours conduit comme un spadassin, un reître à la botte du pouvoir, sa servilité lui tient lieu de colonne vertébrale. Il a autant de sensibilité qu’une vieille godasse, godillot il est godillot il reste, ce n’est pas la poésie qui l’étouffe. Considérant sans doute que son attitude est la seule qui vaille, plein de la suffisance et de la morgue que distille la fréquentation du pouvoir, il ose exiger de Marie Ndiaye le tout nouveau prix Goncourt, qu’elle se soumette ou qu’elle se démette. En plus du mépris que manifeste souvent de tels butors pour l’intelligence et la culture et pour les femmes, le fait que Marie Ndiaye soit sénégalaise et noire doit certainement dans la petite tête d’Éric Raoult être une circonstance aggravante. Dans cette société ou toute intelligence, tout talent qui n’est pas inféodé est suspecte, cette société ou l’on peut constater assez largement un affaissement de la pensée libre, il peut donc se trouver des servants du pouvoir pour intimer l’ordre à des écrivains de rentrer dans le rang. Le roman de Marie Ndiaye est titré « Trois femmes puissantes ». Il semble que pour le pouvoir elle soit aussi considérée comme « une femme puissante ». Encore une fois ce gouvernement, et ses hommes liges, s’est couvert de honte. Non seulement Marie Ndiaye n’a pas obtempéré mais elle a réaffirmé ses préventions et dénoncé les dérives de ce gouvernement. La puissance de son imagination, sa lecture poétique du monde, l’élégance de son verbe font qu’elle pratique une création capable de réifier les situations sans perdre le pouvoir puissant de l’image poétique, c’est ce que j’appelle une poésie de résistance. Dans le stade de Santiago du chili en 1973, Pinochet et la soldatesque fascistes brisèrent et tranchèrent à la hache les mains de Victor Jara pour l’empêcher d’écrire et de jouer de la guitare. Ils auraient pu le tuer directement, ce qu’ils firent ensuite, mais il leur fallait imposer aux milliers d’ouvriers, de jeunes intellectuels, d’opposants, enfermés là sous le feu des mitrailleuses, le spectacle de l’horreur. Victor Jara pratiquait une poésie de résistance qui était aussi un chant d’amour, un hymne à la vie. Le fascisme franquiste tenta de faire croire que l’assassinat du grand poète Fédérico Garcia Lorca était de nature accidentelle et due à des inimitiés personnelles alors qu’à l’évidence c’est à cause de ses positions progressistes que les fascistes le fusillèrent. Parce qu’il pratiquait une poésie de résistance, d’empathie pour le genre humain, d’amour de la vie. Ian Gibson en fait la démonstration dans son ouvrage Granada 1936, El asesinato de Garcia Lorca. Dans le Romancero de la Révolution espagnole figurent d’innombrables et admirables poèmes, souvent anonymes, recueillis sur les murs des prisons. Ils furent souvent écrits par des paysans et des ouvriers qui allaient être fusillés. Des poètes de la résistance. C’est Hélène Antoniadis qui dans une petite étude sur Yannis Ritsos écrit : « quoi qu’il en soit le devoir des poètes est – après avoir distillé, pour eux-mêmes et à l’usage des autres, les leçons du passé et imaginé l’avenir – de répondre à l’appel de leur temps. Sinon ils risquent souvent d’être les créateurs d’une poésie mineure ». Ce que Ritsos traduit par ces vers : Je connais beaucoup de poèmes qui se sont noyés dans le puits d’or de la lune. Un poème véritable ne temporise jamais dans un coin de rêverie. Il est toujours à l’heure comme l’ouvrier consciencieux, zélé. Il est un soldat tout prêt qui répond « présent » au premier appel de son temps. Et pour que les choses soient bien claires Yannis Ritsos écrit : Nos seuls titres : trois mots : Makroussos, Yaros et Léros*. Et si nos vers un jour vous paraissent maladroits, rappelez-vous seulement qu’ils furent écrits sous le nez des gardiens, et la baïonnette toujours sur notre flanc. Et puis il n’y a pas besoin d’excuses : - prenez les nus, tels qu’ils sont – plus vous dira l’austère THUCYDIDE que le précieux XENOPHON. » C’était un poète de la résistance, de l’amour de la vie. A Nâzim Hikmet qui passa 17 ans de sa vie dans les geôles des dictatures militaires turques, Charles Dobzynski écrivit une « lettre à Nozim Hikmet à propos de la bonté », on y lit notamment : « Il est des hommes que l’on envie que l’on admire Ils sont pareils à des écureuils la vie écume et se déchire à leur orgueil .../... à suivre autres textes: - les poèmes indésirables, Quand les femmes se dévoileront (Morgan Orveillon), la poésie et le féminin (Martine Morillon-Carreau), Soudain la poésie (Alexis Gloaguen), poèmes d'Alain Jégou , d e Christian Erwin Andersen,Anne Jullien-Perouas, La vie d'Alda Merini (Marie-Lise Martins- Le Corre), textes de Denis Hirson, les éditions dlc ...
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